jeudi 16 mai 2013

A lire vite et sans aucune hésitation : " La Démocratie des Crédules"

N’êtes vous pas irrité parfois par les imbécillités  les contre vérités, les franches bêtises que vous pouvez entendre, voir ou lire dans les médias. N’êtes vous pas atterré quelquefois  par l’adhésion de certains des thèses totalement abracadabrantes qui font pourtant florès ? N’êtes vous pas lassé par la profonde défiance à la quelle la science et la technologie sont désormais systématiquement soumises ? Moi je le suis très souvent, à vrai dire presque en permanence.

Dans l’état de perpétuel agacement qui est le mien, la lecture du livre de Gérald Bronner, La Démocratie des Crédules, est arrivée comme un soulagement inespéré. Celui de lire enfin un livre intelligent qui rappelle que tout n’est pas égal par ailleurs ; qu’il y a une réalité, des faits concrets, du savoir, des connaissances et qu’il faut se battre pour que ces vérités conservent ou retrouvent la place qu’elles méritent. C’est bien. On respire. Ouf ! Merci Bronner.

Le livre est d’autant plus intéressant qu’il évite les explications faciles. Il exclut toute idée de « complot médiatique » ; il ne stigmatise pas non plus de supposés  imbéciles qui croient en tout et n’importe quoi. Par contre, et c’est son réel apport, il s’efforce brillamment de mettre à jour les processus « qui permettent au faux et au douteux de s’emparer de l’espace public » et souligne que nous sommes tous impliqués.

Pour le sociologue Gérald Bronner, ces processus sont  « favorisés par le développement de la technologie de l’information [comprendre Internet] mais aussi par le simple fonctionnement de notre esprit et… la nature même de la démocratie. » Une  grande partie du livre est consacrée à en apporter des démonstrations très convaincantes.

Ce livre qui est à classer dans la catégorie « lutte contre l’obscurantisme », a un autre mérite. Il tente, dans sa dernière partie de fournir quelques pistes pour passer « de la démocratie des crédules à celle de la connaissance. » Et là, il lève en passant un sacré lièvre. L’idée la plus répandue est en effet qu’on luttera d’autant mieux contre l’obscurantisme que la population sera plus éduquée. Bronner montre qu’il n’en est rien car ce sont plutôt ceux qui bénéficient d’une relativement bonne éducation qui sont le plus sujet à l’acceptation des thèses les plus douteuses…

Alors, que faire ? Je retiens deux conseils. Le premier s’adresse à mes confrères journalistes. Je résume abruptement : «  Bon sang, mais réfléchissez donc un petit peu avant d’écrire ou de reprendre n’importe quoi ! » Genre, donner sans se poser de question la parole au « fils de Mickael Jackson violé par Nicolas Sarkozy »...  Autrement dit : « journalistes vous avez une autre responsabilité que celle de vendre du papier  (ou des pages vues) »

Le second conseil est à destination de la communauté scientifique.  Là aussi, je résume : « apprenez à communiquer intelligemment, de façon efficace comme le font les activistes qui n’ont pas leur pareil pour faire passer leurs idées et contre lesquels vous ne savez pas faire valoir vos arguments. »

Je retiens enfin ceci : le paradoxe d’Olson. En bref, le fait que lorsque des individus ont tout intérêt à agir en commun, ils ne le font pas, pensant que d’autres dans le groupe s’investiront pour eux. C’est ainsi que se comportent la plupart d’entre nous. C’est précisément ce que ne font pas des minorités très motivées et « c’est ainsi que la connaissance orthodoxe se retrouve mise en minorité sur bien des terrains » écrit Gérald Bronner. Un appel à l’action !

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