jeudi 17 janvier 2013

Un an de réindustrialisation : les idées se clarifient

Il y a un an jour pour jour démarrait ce blog avec – hasard ou prémonition ? - un papier sur Louis Gallois, encore patron d’EADS, se disant assuré que « le rebond industriel de la France  est possible.» Il affirmait déjà : «  il faut abaisser le coût du travail par l’allègement des charges sociales sur les entreprises, donc en transférer une partie sur la fiscalité».

L’eau a coulé sous les ponts depuis. Près de 200 posts ont été publié (plus de 300000 signes ! ), le blog attire de plus en plus de visiteurs, que je salue ici (vous êtes plus de 150 chaque jour) et, surtout,  il s’est passé pas mal d'évènements notables sur le front de la réindustrialisation.

1. En France, elle est devenue « redressement productif » avec un ministre qui a plutôt déçu les rares qui en attendaient des résultats concrets. Passons…
2. Le souhait du soldat Louis Gallois – le « choc de compétitivité » - a été a moitié exaucé. Dans son souci permanent de ménager la chèvre et le chou, le gouvernement a pris une décision très courageuse en acceptant d’apporter 20 milliards aux entreprises et, dans le même temps, en a affaibli la portée par le choix de la méthode. Le « choc » est devenu « pacte ». On verra ce que ça donne.

En fait, ces tribulations franco françaises ne sont pas le plus important. Ce qui me frappe en regardant l’année écoulée est de voir à quel point la réflexion a avancé sur le sujet de la réindustrialisation. Et ce n’est pas de la France viennent les idées les plus intéressantes, mais des Etats-Unis.

En France, l’idée de relancer l’industrie manufacturière fait (apparemment) consensus. Là bas il existe une population exotique – les « libéraux »… – qui ne sont ni convaincus que le manufacturing doit faire l’objet d’un traitement spécifique et encore moins que l’état a un rôle à y jouer. Moralité : ça discute et ça débat. Et pour faire avancer leurs idées, tout au long de l’année les « pro manufacturing » n’ont pas été avares en publications, rapports, études et ouvrages de réflexion sur le sujet. Le blog s’en est fait l’écho.

Ainsi, peu à peu les idées ont mûri et les arguments se sont affinés. On a commencé par « Le manufacturing c’est bon pour l’emploi car un emploi créé en génère plusieurs dans les services. »  On en est aujourd’hui à « le manufacturing n’apportera rien en termes d’emplois mais il est indispensable pour innover. » Et on se fait même plus précis : « tous les types de production manufacturière ne sont pas souhaitables sur le territoire américain ; seuls ceux pour lesquels il est important que la R&D soit proche de la production comptent car c’est ceux là uniquement qui génèrent de l’innovation. »

Dernière avancée sur le thème du type de production que doivent développer les Etats-Unis sur leur territoire, celle de l’économiste Ricardo Hausmann. Il affirme : « la direction la plus pertinente à prendre par les Etats-Unis est celle de la production des machines qui seront indispensable pour réaliser les produits de la prochaine révolution industrielle. C’est là que les produits sont le plus complexes et aussi que les salaires seront les plus importants. »

Ce point de vue renforce celui qui s’est affirmé cette année et selon lequel les outils de production avancés et la R&D sur ce thème sont d’une importance fondamentale. L’idée a fait son chemin en Europe comme aux Etats-Unis.

Trois autres points sont à retenir :

1. L’amorce d’une relocalisation  de la production aux Etats-Unis, fait qui a été abondamment argumenté dans une importante étude du Boston Consulting Group et popularisé notamment par les propos du patron de GE.
2. La prise de conscience renouvelée de l’importance de l’automatisation – et de la robotique en particulier – qui apparaît comme la solution miracle pour la compétitivité. Ce qui explique également pourquoi on ne croit désormais plus à l’industrie comme génératrice d’emploi. On embauchera plus de robots que d’individus
3. La prise de conscience renouvelée de l’importance des technologies de l’information et de la révolution numérique. L’idée qu’en la matière « on n’a encore rien vu » et que de formidables développements vont tout changer prend de l’importance. Même Paul Krugman, le fameux économiste américain, s’en est récemment  convaincu. Idée qui va de pair avec celle selon laquelle nous serions dans la phase de destruction de la « création destructrice » chère à Schumpeter et qu’une nouvelle et formidable ère d’innovation est pour… demain (elle ferait bien de se presser…).

Enfin, côté technologies on pourra se rappeler 2012 comme l’année où deux technologies ont pris leur essor et commencé à faire vraiment parler d’elles : les Big Data, toutes nouvelles, ont émergées tandis que les technologies de fabrication additive, plus anciennes, ont franchi cette année un cap décisif.

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