mercredi 6 juin 2012

Asteelflash : histoire d’une ETI fulgurante (le "Foxconn" français...)


Gilles Benhamou : n°1 européen
en 2012 ?
Asteelflash est née en 1999. En 2007 elle était déjà numéro 1 français de son secteur. Elle avait largement passé le stade de la PME : 1600 personnes ; 200 M€ de chiffre d’affaires. En 2008 elle s’attaque à l’international. La voici aujourd’hui forte de plus de 5000 personnes, d’un CA de 780 M$. Elle possède des usines en France, aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne, en Chine, en Tunisie… Elle est désormais n°2 européen de son métier et réalise 65% de son CA hors de France (dont 40% aux USA). « Si tout va bien nous atteindrons le milliard de dollars de CA en 2012 et nous seront le n°1 européen » espère son pdg et fondateur, Gilles Benhamou.

Voilà qui relativise le discours sur la difficulté de créer des ETI (entreprise de taille intermédiaire) en France !

Le métier d’Asteelflash, c’est l’EMS : Electronic Manufacturing Services. En clair, la fabrication de produits électroniques de toutes sortes pour le compte de grands donneurs d’ordres industriels : automobile, aéronautique, médical, défense, éclairage etc. Ils conçoivent. Asteelflash fabrique. Comme Foxconn le fait pour Apple ? En quelque sorte, mais avec de considérables différences.

Gilles Benhamou explique : « les grands donneurs d’ordres se sont peu à peu retirés de la production de l’électronique qu’ils incorporent dans leurs produits. Ils l’ont externalisée car, pour être compétitif, il faut disposer d’un volume considérable de production. C’est indispensable, en particulier pour que le « sourcing », l’achat de composants électroniques, se fasse au meilleur coût. Ils représentent la part majeure du prix des produits. »

Ce qui est très intéressant est l’évolution de cette « sous-traitance ». A mesure qu’elles se sont déchargées de la production les entreprises… ont perdu leur savoir-faire dans l’industrialisation de leur électronique. Le métier d’EMS, souligne Gilles Benhamou, est ainsi devenu un métier de services. Ainsi, si le donneur d’ordres garde la main sur la conception, « nous intervenons au bureau d’études pour définir avec lui les spécifications qui permettront d’obtenir les fonctions voulues au meilleur coût et avec les meilleures performances » dit-il. La production suit.

Caractéristique d’Asteelflash, la moitié seulement de la production est réalisée dans des pays à bas coût, différence fondamentale d’avec Foxconn et autres Flextronics. Cela signifie donc que l’autre moitié, se fait dans des sites proches des clients, en France comme dans les autres pays où est installée l’entreprise.

Trois raisons à cela. Une usine proche du client permet de roder l’industrialisation des produits en interaction forte avec lui. Ensuite, Asteelflash fabrique des produits  très complexes, très diversifiés,  en petites et moyennes séries (jusqu’à 10000 pièces maximum, autre différence avec Foxconn). Et dans ce cas, le coût de la main d’œuvre n’est souvent pas déterminant. Enfin, l’évolution rapide des produits exige une très grande réactivité. Pas question d’attendre un mois, le temps du transport, pour une modification.

On peut se demander comment l’entreprise de Gilles Benhamou a cru de façon aussi fulgurante. Réponse : à moitié par croissance organique et à moitié par une intense activité de rachats d’entreprises. Plus d’une trentaine. D’abord, en France, en reprenant l’activité production électronique de donneurs d’ordres, puis en faisant l’acquisition d’entreprises étrangères, en particulier américaines, à partir de 2008. Le dernier achat en date est celui de Catalyst Manufacturing Services, sur la côte Est américaine.

Autre question : quelle est la clé de la réussite de cette ETI ? La technologie, l’innovation, la R&D ? Gilles Benhamou concède que son outil de production se doit évidemment d’être au meilleur niveau, qu’il a en particulier structuré ses unités de façon à ce que les processus de production soient les mêmes sur tous les sites. Mais pour lui, ce n’est pas le principal et il n’hésite pas à affirmer : « Le point fondamental se sont les valeurs dont sont porteuses l’entreprise » 

Ainsi il place au tout premier rang la capacité à tenir ses engagement, la motivation – voire la passion -  de tous les collaborateurs, qui ne peut s’obtenir que par une confiance mutuelle, et valeur rarement mise en avant : l’humilité. « Si nous sommes trop sûrs de nous et que nous pensons avoir réussi, nous risquons de perdre toute envie, de gagner » dit-il.

Bien sûr, tout cela doit s’appuyer sur une stratégie parfaitement définie « et à laquelle on se tient ». Mais chez Asteelflash le credo dans les valeurs est tel qu’il a été gravé dans le marbre, sous forme six point clés définis en commun avec les cadres de l’entreprises : Honnêteté et respectabilité ; Capacité à tenir ses engagements ; Passion pour le travail ; Humilité ; Se battre pour la simplicité ; Avoir l’envie de gagner. Tout un programme.

Cet article a été publié initialement sur le site de La Fabrique de l’Industrie 

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